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Mythes et Paradoxes de la Mondialisation.
Daniel Cohen (Département de Sciences Sociales, ENS, Paris)

Jeudi 27 janvier 2005

Les ennemis de la mondialisation se recrutent dans deux camps. Le camp, pour simplifier, des Mollahs, qui dénoncent l’occidentalisation du monde, la corruption de la " vie moderne ". Et celui des ennemis du capitalisme, qui dénoncent l’extension de son domaine d’influence, l’exploitation des peuples.

Cependant, ce n’est pas d’être exploités que souffrent aujourd’hui les pays pauvres, mais plutôt de ne pas l’être, d’être oubliés, abandonnés à leur sort. Les pays les plus pauvres ne sont pas comme les ouvriers au coeur du capitalisme industriel ; ils sont dans une situation qui est bien plus proche de celle des RMIstes aujourd’hui, celle d’exclus de la prospérité.

La guerre des civilisations n’est pas un crible beaucoup plus utile pour comprendre le monde. Partout dans le monde, et quelle que soit leur religion, les femmes sont silencieusement en train de bousculer les habitudes ancestrales. Le nombre d’enfants chute à une vitesse vertigineuse, près d’un enfant par décennie, un déclin qui doit beaucoup plus à la diffusion de modèles "culturels " qu’aux forces économiques.

Comprendre la mondialisation exige que l’on renonce à l’idée que les pauvres sont exploités ou abêtis. La mondialisation fait voir aux peuples un monde qui bouleverse leurs attentes et qu’elle s’avère incapable de réaliser. Les menaces que la mondialisation fait peser sur l’équilibre écologique de la planète ne doivent pas dispenser de comprendre les forces qu’elle déchaîne aujourd’hui.